Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon

synthèse des présentations du cadastre de 1811 et des valorisations fiscales de 1817

A partir des archives départementales de Loire-Atlantique mises à notre disposition, en version numérisée, il est possible de dégager quelques données et quelques présentations de ce qui était vécu à Mouzillon au début du XIXe siècle.

Les données doivent être interprétées.

Les bâtiments

Les maisons semblent classées en deux catégorises ; celles qui sont qualifiées de "rurale" sont vraisemblablement plus conséquentes, peut-être plus confortables. Certaines maisons sont modestes, de petites dimensions. Parfois une maison est l'habitation de deux ménages.

Dans la plupart des villages, existait un four commun et parfois un four en indivision. Ces petits édifices sont des signes d'une vie collective, organisée.

Des bâtiments sont classés comme "masure"; l'appréciation de ce type de bâtiment est difficile. S'agit-il de vieux bâtiments ? de bâtiments plus ou moins délabrés ? Quelle était l'utilisation de la masure ? Est-que des personnes y vivaient ?

Le terme "écurie" désigne, dans ces documents comme dans le langage courant local, le lieu de stabulation des bovins et des chevaux. Le nombre d'"écurie" montre la place de la polyculture dans ces nombreuses petites exploitations. A la Martinière, est désigné un "toit à moutons". L'élevage des ovins était encore pratiqué au début du XIXe siècle.

Le relevé des "toits à porc" accentue l'aspect polyculture et culture vivrière de l'activité humaine. Chaque exploitation nourrissait ses travailleurs et leurs familles.

Les jardins

Les jardins sont nombreux. Ce sont souvent de petites parcelles, partagées à chaque héritage. Leur surface témoigne du travail effectué à la bêche pour nourrir la famille que les années soient bonnes ou mauvaises.

La vigne

La vigne a déjà une place importante : ceci se traduit par le pourcentage des surfaces cultivées en vignes, par le nombre de celliers et par le nombre de pressoirs.

description

Même si les sections cadastrales présentent des variations, la culture de la vigne est répartie sur toutes les sections du cadastre.

L'identification des pressoirs n'est probablement précisée que lorsque le bâtiment est utilisé exclusivement pour presser la vendange. En ce début du XIXe siècle, des pressoirs à clavette étaient probablement situés à l'intérieur des celliers sans que nous en ayons la mention sur les matrices fiscales.

Les enjeux de la propriété.

les propriétaires les plus importants

les matrices fiscales de 1817 font apparaitre des propriétaires importants par la surface, par les bâtiments de leurs biens qu'ils détiennent. En voici une lite non exhaustive :

BARRIN de Fromenteau en Vallet est propriétaire d'une part de l'Augerie et du Bois-Rouaud; Il possède aussi des parcelles dans le secteur de l'Aiguillette.

Adélaide BASCHER, épouse LEMOINE, demeurant à Nantes, possède des vignes dans les clos des Botinières, du Pin et du Plessix

Vve BASCHER, née Marie-Emilie LENFANT de LOUTIL, rentière demeurant à Nantes, possède le Grand-Plessix, le Petit Plessix, le Pin, et une part de la Poulfrière.

Jean-Gabriel BOUCHAUD, rentier demeurant à la Rouaudière, possède le Chardonnet et de très nombreuses parcelles situées dans les secteurs de la Rouaudière, de l'Aiguillette et du Douaud.

Mathieu BOULET, charron à Rezé, possède une grande part de la Coudrière et de la Frechotière;

Veuve BORDAGE, demeurant à Dinan, possède des vignes dans le secteur de la Recivière;

DE FRONDAT, notaire à Nantes est propriétaire de la Haie-Pallet;

BUREAU Jean-Baptiste demeurant à Clisson, BUREAU Jacques demeurant à Gorges possèdent la Robinière et des vignes dans le secteur de la Recivière;

Eugénie et Henriette DUBOIS de la FERRONNIERE demeurant à Hennebont, possèdent le clos des cimetières

Augustine DUBOIS de la FERRONIERE possède des vignes à la Martinière, Beauregard, la cour de la Barillière, des parcelles à la Frechotière

Michel DUBOUEIX, rentier demeurant à Nantes, possède des parcelles dans le secteur de l'Aiguillette, dans le secteur des Boiziers;

M. GAULIER, instituteur à Nantes, possède un large part de Lozangère;

Vve KIRAGNAUD, rentière à Nantes, possède de larges part du Bois Pallet et des parcelles dans le secteur de la Poulfrière.

Veuve LALMAND, demeurant à la Diptière de Vallet, possède des parcelles dans le secteur des Boiziers;

Mme LANGLAIS, demeurant à Vieillevigne est propriétaire

1 - Sur la section cadastrale A - Boischaudeau :

des bâtiments: une maison (140m²), un toit à porc (16m²) et un moulin à eau (117m²).

des parcelles de terre (1ha 28a), de pré (3ha 6a) et vigne (39a 80ca).

2- Sur la section cadasterale B - Morandière :

un moulin à vent : 230m²

une parcelle de terre (1a 25ca)

six parcelles de vigne (51a 40 ca)

Julien LUNEAU, rentier demeurant à la Morandière, possède la Gaudinière et de très nombreuses parcelles dans ce secteur.

François PAVIOT, notaire à Clisson, possède des parcelles dans le secteur des Boiziers;

Pierre PEPIN demeurant à la Poulfrière possède des parcelles dans les secteurs des Boiziers et de la Poulfrière.

Henri PROVOST, demeurant à Gorges possède la Gaillotière, dans le secteur de Boiziers;

Cette liste met en évidence plusieurs aspects

1- Une part de la plus-value du travail des Mouzillonnais bénéficie à des propriétaires extérieurs qui sont rentiers ou qui exercent des professions biens placées dans le rang social. Ces propriétaires demeurent en majorité en ville (Clisson, Nantes, Dinan, Hennebont).

2- A côté de cette liste, apparaissent un très grand nombre de petits propriétaires dont les parcelles sont de petites surfaces. Ceux qui y figurent sont souvent exploitants, fils d'exploitants ou cousins d'exploitants. La culture de ces parcelles représente leur activité, leur seule source de revenu. Dans certains secteurs de la commune ces petits propriétaires occupent une très grande part du territoire :

secteur de la Morandière,

secteur de l'Aiguillette et des Gondrères,

secteur du Douaud,

secteur de la Barillière,

secteur de la Recivière et de la Poulfrière,

secteur des Boiziers.

Ce sont les secteurs où la culture de la vigne est la plus répandue. Sur plusieurs générations, la culture de la vigne a donc permis à des exploitants de devenir propriétaires plus facilement que pour ceux qui étaient dans l'élevage de bovins et dans la culture de céréales.

Une typologie des propriétaires

En ce début du XIXe siècle on distingue

1- des propriétaires issus de l'aristocratie terrienne (De la FERONNIERE, BARRIN de la Galissonnière. Ils possèdent encore de belles parcelles et un part du territoire. Ils ont reçu ces propriétés en héritage. Ils demeurent pour la plupart hors de ce territoire.Pendant la période révolutionnaire, ils étaient absents.

2- des propriétaires qui ont investi dans des propriétés l'argent qu'ils avaient gagné dans leurs professions commerciales ou intellectuelles (BUREAU de Clisson). Ils se transmettent ces propriétés en héritage. Ils ont soutenu la mise en place d'un nouveau régime pendant la révolution.

3- des propriétaires qui ont des ancêtres ou dont les conjoints ont des ancêtres exploitants à Mouzillon (Michel DUBOUEIX, Julien LUNEAU, Jean-Gabriel BOUCHAUD). Ils connaissent bien la population des exploitants. Ils ont soutenu la mise en place d'un nouveau régime pendant la révolution.

4- des exploitants qui ont réussi à acquérir des parcelles par achat ou par mariage. Ceci est plus net pour ceux qui ont exercé au moins partiellement la fonction de tonnelier. Non seulement ce métier demandait des compétences techniques, mais ils donnait une ouverture, un réseau.

Les responsables municipaux

Les maires ont été recrutés parmi ces propriétaires

1 - Jean-Gabriel BOUCHAUD, rentier à la Rouaudière, est 1er maire et propriétaire;

2 - Jean-Baptiste BUREAU, propriétaire demeurant à la Robinière est adjoint;

3 - Auguste PEPIN, propriétaire à la Poufrière est le 2ème maire;

4 - Auguste de THOUARE, époux de Augustine DUBOIS de la FERONNIERE qui est propriétaire de la Cour de la Barillière;

5- Prudent LUNEAU est le fils de Julien-Joseph LUNEAU de la Morandière.

x - Michel DUBOUEIX a été la premier maire de Clisson.

Le fait d'être propriétaire donne un statut social qui permet d'accéder à certaines fonctions.